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Publications :
Agriculture en 2050 : un modèle en pleine révolution !
source : Synthese_Fichier_Prepa_V6_WEB-1.pdf
source : « L’agriculture est extrêmement dépendante du climat », affirme Jean-Marc Jancovici | France Inter
source : Pour une agriculture bas carbone, résiliente et prospère – Rapport final (2024)
Une transformation nécessaire, mais complexe
Le secteur agricole français, responsable de 18 % des émissions nationales de gaz à effet de serre (GES), se trouve aujourd’hui à un carrefour stratégique. Confrontée aux défis climatiques, énergétiques et économiques, l’agriculture doit conjuguer productivité, résilience et durabilité, tout en répondant aux attentes sociétales croissantes. Cependant, cette transformation ne saurait être portée par des ajustements superficiels. Elle exige des révisions structurelles, ancrées dans une logique d’équilibre entre les contraintes physiques et les impératifs économiques.
Un système agricole sous pression
Le modèle agricole français repose sur des bases fragiles : dépendance énergétique, artificialisation des sols, et uniformisation des systèmes de production. À titre d’exemple, l’utilisation des engrais azotés minéraux, bien qu’indispensable pour atteindre des rendements élevés, contribue massivement aux émissions de protoxyde d’azote (N₂O). Une réduction de leur usage, envisagée à hauteur de 70 % d’ici 2050, nécessite le triplement des surfaces de légumineuses. Mais peut-on envisager une telle transition sans des filières robustes et des incitations économiques adaptées ?
Des leviers techniques à déployer
Parmi les solutions explorées, plusieurs initiatives se démarquent :
- La généralisation des couverts végétaux et de l’agroforesterie, capables de capter jusqu’à 53 MtCO₂ par an.
- L’autonomie énergétique des exploitations, permise par des sources renouvelables comme le biogaz et l’agrivoltaïsme.
- Une décarbonation progressive des machines agricoles, pour atteindre une neutralité carbone plausible à l’horizon 2050.
Ces leviers, bien que prometteurs, nécessitent des investissements massifs et une planification fine. L’agriculture de conservation des sols, par exemple, pourrait réduire la consommation de carburant de 50 %, mais implique des changements techniques et organisationnels considérables.
Une équation sociale et économique à résoudre
La transition agroécologique se heurte aussi à des obstacles économiques majeurs. Plus de 90 % des agriculteurs interrogés lors de la Grande Consultation estiment que les freins financiers constituent le principal obstacle à la transition. Il s’agit donc de garantir des revenus suffisants, par des prix rémunérateurs ou des soutiens publics adaptés, pour encourager l’adoption des pratiques durables.
Un scénario à construire ensemble
Le projet évoqué dans le document propose un « scénario de conciliation » combinant atténuation climatique, résilience et souveraineté alimentaire. Cette vision, bien que ambitieuse, rappelle que chaque choix stratégique implique des compromis difficiles. Les réductions de cheptels bovins, par exemple, permettent de diminuer les émissions de méthane, mais risquent de fragiliser les systèmes pastoraux et de réduire la production nationale.
Repenser la place de l’agriculture
À l’horizon 2050, l’agriculture française devra être plus diversifiée, autonome et respectueuse des écosystèmes. Mais au-delà des leviers techniques, la question fondamentale reste celle du modèle de société que nous souhaitons construire. Serons-nous capables de privilégier la qualité sur la quantité, la résilience sur la performance immédiate ? Les réponses à ces questions définiront l’avenir d’un secteur clé pour notre pays.