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2025_01_Electricité_décarbonée_et_conversion_biogaz_Saint-Avold

Biométhane : le levier clé pour nos centrales de demain. 

source : Décider aujourd’hui le futur décarboné du système électrique français

 

Une reconversion qui interpelle

Le futur du système électrique français s’écrit aujourd’hui, et au cœur des réflexions se trouve la centrale de Saint-Avold. Fermée en 2022 avant d’être rappelée pour sécuriser le réseau en pleine crise énergétique, elle incarne un paradoxe : comment allier héritage industriel et exigences climatiques ? Un projet de conversion au gaz, intégrant 60 % de biométhane, propose une transition pragmatique. Mais est-ce suffisant pour répondre aux défis énergétiques et climatiques de demain ?

 

Entre besoins immédiats et vision à long terme

En 2030, le réseau électrique français nécessitera 3 GW supplémentaires de capacités thermiques décarbonées, selon RTE. Les centrales à charbon comme Saint-Avold, historiquement mobilisées lors des pics hivernaux (80 GW+ en pointe), sont une réponse à court terme. Mais leur transition vers des moyens flexibles et moins émissifs, comme le gaz et le biométhane, s’impose. Saint-Avold, avec ses 540 MW convertibles, pourrait répondre à cette exigence, réduisant ses émissions de 70 % par rapport au charbon.

 

Un investissement sous contraintes

La reconversion de Saint-Avold représente 125 millions d’euros, un coût nettement inférieur aux 432 millions nécessaires pour une nouvelle turbine à combustion. Toutefois, le modèle économique repose sur des mécanismes de capacité et un soutien étatique. L’absence de ces garanties pourrait condamner la conversion avant même qu’elle ne voie le jour.

 

Des gains carbone, mais à quel prix ?

Le biométhane, au centre de cette transition, pose question. Avec une consommation annuelle estimée à 210 GWh, soit 1 à 1,5 % de la production nationale prévue pour 2028, il soulève des interrogations sur sa disponibilité et son coût. De plus, un prix du carbone insuffisant (70 €/tCO2 en 2024) pourrait empêcher cette centrale de s’imposer face à des moyens plus polluants comme le charbon.

 

Quelles leçons tirer ?

Saint-Avold incarne un dilemme plus large : la transition énergétique demande des choix stratégiques entre coûts, émissions et résilience. L’anticipation et le pragmatisme seront clés pour éviter des solutions de court terme qui, à long terme, s’avèreraient coûteuses, économiquement et climatiquement.

 

Le projet de conversion de Saint-Avold illustre l’urgence d’une politique énergétique cohérente et visionnaire. Si cette transition est soutenue, elle pourrait devenir un modèle pour la décarbonation des moyens de pointe en Europe.