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Les prix négatifs de l’électricité, une révolution silencieuse du système énergétique

source : Analyse de la CRE sur le phénomène de prix de l’électricité négatifs et recommandations relatives aux dispositifs de soutien aux énergies renouvelables

Le paradoxe de l’électricité trop abondante

Dans un monde où les défis énergétiques dominent les débats, la simple idée que l’électricité puisse avoir un prix négatif a de quoi surprendre. Pourtant, en 2024, la France a enregistré 235 heures où les prix de l’électricité étaient inférieurs à zéro. Ce phénomène, qui pourrait passer pour une anecdote technique, soulève des questions fondamentales sur l’avenir de notre système énergétique. Est-ce une anomalie temporaire ou un signal clair que notre manière de produire et de consommer l’énergie doit évoluer ?

 

Pourquoi des prix négatifs ?

Les prix négatifs apparaissent lorsque l’offre d’électricité dépasse la demande. Ce déséquilibre est souvent exacerbé par les énergies renouvelables, dont la production, soumise aux aléas climatiques, reste difficile à moduler. En 2024, près de 84 heures de prix négatifs ont été enregistrées en avril, période où la production photovoltaïque est maximale alors que la demande reste modérée. Une autre particularité : ces heures surviennent majoritairement en début d’après-midi ou pendant les week-ends, lorsque la consommation diminue de 5,3 GW en moyenne par rapport à la semaine​.

 

Une opportunité mal exploitée

Alors que ce phénomène pourrait inciter à des ajustements dynamiques du réseau, il révèle surtout des inefficacités coûteuses. Les installations sous obligation d’achat (OA), par exemple, continuent de produire à tout prix, générant une perte estimée à 15 millions d’euros pour l’État sur le premier semestre 2024. En revanche, les producteurs sous complément de rémunération (CR) sont incités à réduire leur activité lors de ces périodes, offrant une meilleure flexibilité.

 

Des pistes pour mieux équilibrer notre système

  • Développer le stockage et la flexibilité : Des batteries et des mécanismes adaptés pourraient absorber ces surplus d’électricité.
  • Améliorer les dispositifs de soutien : Modifier les contrats OA pour encourager les arrêts contrôlés en période de prix négatifs.
  • Optimiser les échanges transfrontaliers : La France exporte souvent son surplus, mais les volumes restent limités, en particulier vers des pays voisins également confrontés aux prix négatifs.
  • Ces ajustements permettraient de limiter les pertes économiques tout en valorisant la surproduction comme un levier d’innovation.

 

Une vision à long terme : apprendre des excès

Les prix négatifs ne sont pas un dysfonctionnement ; ils sont un signal d’alerte, une opportunité de repenser nos modèles énergétiques. En favorisant des solutions durables, comme le développement de la flexibilité ou des technologies de stockage, ils pourraient devenir un allié précieux dans la transition énergétique.

 

Conclusion

Ces phénomènes, bien que déroutants, nous rappellent l’importance de mieux exploiter nos ressources. Peut-être est-il temps de transformer cet excès en moteur d’innovation. Parmi les réponses possibles, le biogaz, en tant qu’énergie pilotable et stockable, offre une flexibilité précieuse pour équilibrer un système énergétique en quête d’agilité et de durabilité.