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Espagne sans électricité : Black-out géant : et si ce n’était qu’un début ?
source(s) : Panne de courant géante en Espagne et au Portugal : l’électricité pratiquement rétablie | Les Echos
Quand l’Espagne plonge dans le noir : le miroir de nos vulnérabilités modernes
Imaginez un instant, dans une société où tout semble fonctionner comme une mécanique bien huilée, qu’une étincelle anodine suffise à plonger des millions d’individus dans une obscurité totale. Le 28 avril 2025, c’est précisément ce qui est arrivé à l’Espagne, au Portugal, à Andorre, et même au sud de la France. En cinq petites secondes, 15 gigawatts de production électrique espagnole se sont évaporés, déclenchant une réaction en chaîne aussi fascinante qu’inquiétante.
L’électricité, ce luxe invisible dont personne ne parle
Si la rapidité du rétablissement (moins de 24 heures pour 99 % du réseau espagnol) pourrait rassurer, ce blackout gigantesque a eu le temps de bouleverser des millions de vies. Près de 35 000 voyageurs ont dû abandonner tout espoir de ponctualité, coincés dans des trains immobilisés ; plus de 500 vols ont été annulés ou retardés, paralysant des milliers de voyageurs à travers les aéroports de la péninsule ibérique. Les feux tricolores se sont éteints, plongeant des villes entières dans une confusion chaotique et silencieuse, tandis que les hôpitaux dépendaient entièrement de leurs générateurs de secours. Quant aux réseaux mobiles et internet, leurs pannes ont même résonné jusqu’aux terres froides du Groenland. Une simple coupure d’électricité, mais une puissante démonstration de notre interdépendance totale.
Et si la panne n’était pas une simple question technique ?
Certes, on évoque une défaillance massive des centrales solaires situées dans le sud-ouest espagnol, ou encore un phénomène atmosphérique rare ayant perturbé les lignes à haute tension. La cyberattaque, elle, a rapidement été écartée. Pourtant, derrière ces causes techniques qui alimentent les débats médiatiques, une autre réalité se dessine, moins visible mais bien plus troublante : notre dépendance quasi-absolue à des composants électroniques produits majoritairement en Asie. Aujourd’hui anodine, cette dépendance pourrait, dans quelques décennies, devenir notre talon d’Achille dans un monde où la mondialisation montre déjà des signes de fatigue prononcée.
L’ironie des modèles et la complexité d’une prédiction fiable
Même les meilleurs modèles prédictifs, aussi sophistiqués soient-ils, n’avaient pas anticipé la soudaineté et l’ampleur d’un tel événement. La précision des experts et l’optimisme prudent des politiques se heurtent à une réalité imprévisible. Comment, en effet, intégrer dans ces modèles les facteurs psychologiques, sociaux et politiques complexes qui accompagnent de tels bouleversements ? Sommes-nous réellement prêts à affronter, au-delà des coupures momentanées, des crises énergétiques durables dans un contexte de ressources en contraction et de changements climatiques aggravés ?
Réfléchir aujourd’hui pour ne pas regretter demain
On pourrait penser que tout est sous contrôle, que des crises aussi brèves que celle de l’Espagne restent gérables. Pourtant, l’expérience récente soulève des questions plus profondes : avons-nous seulement envisagé sérieusement tous les scénarios possibles ? Serons-nous capables, dans un avenir proche marqué par la dégradation du climat et les tensions géopolitiques, de maintenir notre réseau électrique stable ? Peut-être devrions-nous saisir ce signal d’alerte espagnol pour engager dès maintenant une réflexion collective sur notre résilience énergétique, avant que l’obscurité ne devienne la norme plutôt que l’exception.