Pas d’énergie, Pas de télé ! 

source : JEAN-MARC JANCOVICI : SANS ÉNERGIE, PLUS DE TV ?

 

Pourquoi la sobriété énergétique reste incomprise ?

Dans un monde où la croissance économique repose sur une consommation effrénée d’énergie, Jean-Marc Jancovici nous invite, sans détour ni fioriture, à revoir notre rapport à l’énergie et ses limites physiques. Les certitudes tombent, et avec elles, l’illusion d’une croissance sans fin. À travers un discours pragmatique, presque brutal, il déconstruit les mythes et éclaire les enjeux majeurs : sobriété forcée, contraction économique et impact sur nos industries, dont l’audiovisuel.

 

Un monde à +3°C : une réalité impossible à imaginer

Le constat est glaçant : un réchauffement climatique de +3°C signifie des écosystèmes bouleversés, des forêts décimées, des zones inhabitables. Pourtant, « personne ne sait incarner un futur qui n’existe pas », nous rappelle-t-il. Les modèles climatiques restent muets sur des questions cruciales : dictature ou démocratie ? Famine ou résilience alimentaire ? Une incertitude abyssale qui souligne l’urgence d’agir malgré le confort immédiat que nous refusons de sacrifier.

 

Le secteur audiovisuel face à la contrainte énergétique

Le secteur audiovisuel, souvent oublié dans les discussions énergétiques, contribue à 4 % des émissions mondiales. Un chiffre équivalent aux transports routiers ou à la cimenterie. Entre tournages gourmands et diffusion massive (4K, streaming en boucle), l’impact du numérique est colossal. Jancovici interpelle : « Pourquoi bombarder du 4K sur un smartphone ? » Une question simple, à laquelle la course technologique n’apporte aucune réponse rationnelle.

 

Croissance et décroissance : un équilibre impossible

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 350 millions d’euros injectés dans le plan “Fabrique de l’image” pour stimuler la production audiovisuelle en France. Mais comment concilier expansion économique et réduction des émissions de CO2 ? Selon Jancovici, une économie en récession structurelle est inévitable. Loin d’être pessimiste, il pointe plutôt la nécessité de créativité pour survivre, en anticipant les changements à venir plutôt que de les subir.

 

Le message culturel : la plus grande responsabilité du secteur

Hollywood, en “plus grande agence de communication” mondiale, a su vendre un imaginaire de consommation : voitures, avions, confort immédiat. Le secteur audiovisuel doit inverser cette tendance en racontant d’autres histoires. Des récits inspirants, sobres et accessibles, où le bonheur ne dépend plus de la possession matérielle. Si l’industrie ne change pas, elle pourrait devenir l’un des premiers secteurs touchés par une sobriété énergétique imposée.

 

Lucidité et enthousiasme, le tandem de l’avenir

Pour Jean-Marc Jancovici, le changement sera douloureux, car nous sommes biologiquement câblés pour maintenir nos habitudes. Pourtant, l’histoire montre que les crises catalysent l’innovation. Il reste optimiste : « L’optimisme vient de l’action. » Dans ce monde qui se contracte, le secteur audiovisuel a un rôle crucial : celui de façonner les imaginaires collectifs, d’éduquer par l’émotion et de guider la société vers un futur désiré, et non subi.