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BALADE EN TRACTEUR AVEC JEAN-MARC JANCOVICI ! 

source : (3) BALADE EN TRACTEUR AVEC JEAN-MARC JANCOVICI ! – YouTube

 

Un débat au cœur des champs : l’agriculture à l’épreuve du changement

Dans une ferme quelque part en France, Étienne, agriculteur, ouvre les portes de son exploitation à Jean-Baptiste et Jean-Marc Jancovici. Loin des salons feutrés où les grandes décisions se prennent, c’est sur le terrain que se discutent les questions fondamentales : mécanisation, méthanisation, sobriété énergétique, et résilience climatique. À travers cet échange pragmatique et passionné, se dessinent les contours d’une agriculture à réinventer.

 

Mécanisation agricole : moteur du progrès ou dépendance coûteuse ?

Installé dans un tracteur flambant neuf de 150 chevaux, Jean-Marc ne peut s’empêcher de souligner l’importance de la mécanisation dans l’histoire agricole. « Avant, il fallait 1000 personnes pour faire ce que cet engin accomplit aujourd’hui », note-t-il. Cette révolution a permis d’augmenter la productivité, tout en allégeant les tâches les plus pénibles. Mais le tableau n’est pas sans ombre : la dépendance au diesel reste un problème majeur dans un monde où le pétrole se raréfie.

 

Étienne, de son côté, explique que la mécanisation n’est pas un luxe, mais une nécessité. « On ne peut pas revenir aux chevaux de trait pour cultiver de grandes surfaces », affirme-t-il, tout en se demandant si les agrocarburants ou le biogaz pourraient remplacer le diesel à long terme.

Jean-Marc : « Les gros tracteurs auront besoin d’énergies nouvelles, mais des solutions comme le biogaz doivent être priorisées pour les besoins locaux. »

 

La méthanisation : outil local ou mirage global ?

La méthanisation divise : Jean-Baptiste s’interroge sur son potentiel pour remplacer le gaz russe, tandis qu’Étienne et Jean-Marc tempèrent ces ambitions. « Utiliser 1 million d’hectares pour alimenter des méthaniseurs, comme en Allemagne, est une mauvaise gestion des sols », insiste Jean-Marc. La méthanisation reste intéressante à petite échelle, mais elle ne peut répondre aux besoins énergétiques d’un pays tout entier sans sacrifier des surfaces agricoles essentielles à l’alimentation.

 

Glyphosate ou labour : entre efficacité et durabilité

Sur le terrain, Étienne montre comment il utilise un minimum de glyphosate pour limiter le labour, une pratique qui préserve les sols mais soulève des questions écologiques. Jean-Baptiste pousse la discussion : « Alors, quel est le moindre mal ? » Jean-Marc reste prudent, rappelant que chaque méthode a ses limites. « Labourer consomme du carburant et libère du carbone, tandis que le glyphosate, bien qu’efficace, est loin d’être idéal. »

 

Étienne illustre le dilemme quotidien des agriculteurs : « Replanter des haies serait bénéfique, mais cela demande un temps et un coût d’entretien considérables. »

 

L’agriculture dans un climat en mutation

La discussion prend un ton plus grave lorsque Jean-Baptiste interroge Jean-Marc sur les scénarios RCP, ces trajectoires climatiques qui projettent les effets des gaz à effet de serre. Jean-Marc est catégorique : « Les rendements agricoles seront fortement impactés, surtout dans le sud de l’Europe. En France, les sécheresses deviendront plus fréquentes et nos forêts pourraient perdre jusqu’à la moitié de leurs arbres. »

 

Cette instabilité climatique menace l’ensemble du modèle agricole. Étienne, préoccupé, souligne : « Avec des sols plus arides et des maladies agricoles en augmentation, comment continuer à nourrir la population ? »

 

Bio ou intensif : quel chemin suivre ?

Le débat se poursuit sur les systèmes agricoles. Jean-Baptiste partage les inquiétudes de ses amis agriculteurs biologiques : « L’agriculture productiviste a-t-elle encore un avenir ? » Jean-Marc admet que le bio, bien que moins productif, peut avoir sa place, mais au prix de changements radicaux : réduction de la consommation de viande, hausse des prix des aliments, et retour à une cuisine moins industrialisée. « Une agriculture 100 % bio serait possible, mais elle nécessiterait beaucoup plus de travail et une profonde adaptation de nos habitudes alimentaires. »

 

Pour autant, les systèmes intensifs ne sont pas sans intérêt. Jean-Marc précise : « Ils permettent une meilleure efficacité carbone par kilo produit, mais au prix d’une pression accrue sur l’environnement. »

 

Conclusion : avancer avec pragmatisme et courage

En revenant vers le hangar, Jean-Marc conclut avec sagesse : « Plus on anticipe, moins on subit. » Étienne acquiesce, conscient que les défis sont nombreux mais pas insurmontables. Avec des solutions adaptées à chaque exploitation, une meilleure organisation collective, et une volonté de s’adapter, l’agriculture française a les moyens de relever les défis climatiques et énergétiques à venir.

 

Jean-Marc : « L’important, c’est de rester cohérent et de ne pas reculer face à l’ampleur des changements nécessaires. »