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Yves Cochet et l’effondrement : lucidité ou inertie organisée ?

source : NOTRE DÉNI VA CAUSER L’EFFONDREMENT : sortir des illusions et se préparer – Yves Cochet

Accrochez-vous : Yves Cochet nous prédit l’effondrement, et pas dans un futur lointain, mais à l’horizon d’une génération. Selon lui, ce bouleversement, loin d’être une apocalypse spectaculaire façon cinéma, signifiera l’impossibilité de garantir les services de base : eau potable, électricité, transports modernes, et même l’accès à un simple compte bancaire. Le coupable ? Notre dépendance aux énergies fossiles et l’inertie d’un système mondialisé. Un constat que partage également Dennis Meadows, l’auteur du célèbre rapport The Limits to Growth.

 

Un prophète de malheur ou un humaniste incompris ?

Certains diront que Cochet incarne l’éternel prophète apocalyptique, aigri par une vie passée à prêcher dans le désert. Mais son intervention s’inscrit dans une lignée de pensées plus nuancées, comme celle de Jean-Pierre Dupuy et son concept de catastrophisme éclairé. Cochet ne prophétise pas pour effrayer gratuitement, mais pour provoquer une prise de conscience. À ses yeux, anticiper l’effondrement est une façon, non pas de l’éviter, mais d’y faire face en limitant les dégâts.

 

Une inertie amplifiée par les opposants aux solutions

Cochet identifie l’une des sources de notre paralysie : une foi aveugle dans les énergies fossiles, qui non seulement masque leur caractère limité, mais qui alimente également le rejet de toute alternative. Les opposants aux projets d’énergies renouvelables jouent ici un rôle clé dans cette inertie. Bien souvent sous perfusion d’un système fossile qui leur offre une illusion de stabilité, ces acteurs contribuent à retarder des solutions pourtant indispensables. Leur refus de s’adapter, motivé par peur ou désinformation, amplifie les effets domino déjà en marche.

 

Une décennie charnière, une transformation brutale

L’effondrement, selon Cochet, se décline en étapes successives, toutes interconnectées :

  • La démondialisation : L’effondrement des chaînes de valeur, essentielles à notre abondance matérielle, compromettra même la maintenance de nos infrastructures complexes, y compris les énergies bas carbone.
  • La contraction de l’État providence : Déjà palpable en Europe de l’Ouest, l’affaiblissement des institutions publiques sera accentué par la raréfaction des ressources énergétiques.
  • La simplification des métiers : Le déclin énergétique mettra fin à la spécialisation extrême de notre économie, nous ramenant à des activités plus locales et essentielles.
  • Le choc financier : La contraction des flux économiques, couplée à la diminution des ressources, précipitera d’importantes crises financières.

Un discours inconfortable, mais nécessaire

Ce que Cochet redoute le plus, ce n’est pas l’effondrement en soi, mais notre refus d’y croire. Ce déni collectif, alimenté autant par les élites politiques que par les opposants aux transitions nécessaires, pourrait être le plus grand obstacle à une adaptation réussie. Alors que l’urgence énergétique impose des choix courageux, les résistances systématiques aux solutions renouvelables traduisent un attachement dogmatique à un modèle dépassé.

 

Se préparer ou nier ?

Que l’on soit convaincu ou sceptique, il est difficile d’ignorer que certaines des prédictions de Cochet s’inscrivent dans une dynamique observable : tensions énergétiques, fragilisation des États, crises sociales. Si la vitesse et l’ampleur de ces changements sont encore débattues, la plausibilité de son scénario force à réfléchir. Mais à continuer de défendre des illusions fossiles, ne risquons-nous pas d’aggraver un effondrement déjà en gestation ?