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2024_11_Digestat_fertiliser_sans_polluer

Comment 31 millions de tonnes de digestat fertilisent l’Europe chaque année !

source : exploring-digestate-contribution-to-health-soils-eba-report-bd.pdf

Alors que les agriculteurs cherchent des solutions économiques et écologiques, le digestat, sous-produit de la méthanisation, émerge comme une ressource précieuse. Utilisé efficacement, il pourrait remplacer jusqu’à 30 % des engrais chimiques en Europe tout en enrichissant les sols​.

 

Une source d’éléments nutritifs essentielle pour les sols

En 2022, l’Europe a produit environ 31 millions de tonnes de digestat, contenant 1,7 million de tonnes d’azote, 300 000 tonnes de phosphore et 200 000 tonnes de potassium. Ces nutriments, essentiels pour la croissance des plantes, permettent de compenser les pertes liées aux engrais chimiques, dont les prix sont devenus de plus en plus volatils. En comparaison, les engrais de synthèse peuvent coûter 25 à 50 % plus cher en moyenne pour des quantités équivalentes d’azote et de phosphore​.

 

Valorisation du digestat : une approche gagnante pour la santé des sols

L’apport de digestat enrichit le sol en matière organique stable, permettant de piéger le carbone dans le sol. Selon l’European Biogas Association, l’application de digestat augmente la capacité de rétention d’eau des sols de 20 à 30 %, améliorant ainsi la résistance des cultures aux périodes de sécheresse. Ce stockage de carbone représente, à échelle européenne, une réduction potentielle de 5 à 10 millions de tonnes d’émissions de CO₂ chaque année​.

 

Les applications novatrices du digestat en Europe

Outre son utilisation comme biofertilisant, le digestat est employé dans des projets innovants. Au Danemark, par exemple, des unités de pyrolyse transforment environ 15 % du digestat en biochar chaque année, permettant d’amender le sol tout en le chargeant en carbone. En Italie, une fraction est intégrée au compost, réduisant de 20 % le besoin en engrais chimiques.

 

Les défis réglementaires : des freins à une adoption généralisée

La réglementation européenne reste hétérogène, malgré le marquage CE, limitant l’adoption du digestat comme fertilisant. En France, par exemple, seul 40 % du digestat est actuellement valorisé, contre plus de 80 % dans des pays comme l’Allemagne. Harmoniser les normes permettrait de rendre ce biofertilisant accessible aux agriculteurs européens, tout en simplifiant les démarches administratives​.

 

Le digestat, une alternative aux engrais chimiques pour une agriculture durable

En augmentant l’utilisation du digestat, l’Europe pourrait répondre à une part croissante de ses besoins en nutriments agricoles de manière plus durable et autonome. Valoriser ce sous-produit revient à renforcer notre souveraineté alimentaire et à poser un socle pour des pratiques agricoles réellement circulaires. À terme, le digestat pourrait réduire notre dépendance aux engrais de synthèse de 20 à 30 %, tout en contribuant à l’équilibre écologique de nos sols.