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Record des émissions de GES en 2023 – Où sont passés les engagements ?
Chaque année, dans les semaines qui précèdent la COP, des rapports clés sont publiés pour suivre nos progrès (ou leur absence). Il y a quelques jours, le UN Environment Programme a révélé son rapport 2024 sur l’écart entre les besoins et les perspectives en matière de réduction des émissions, qui analyse les émissions mondiales de gaz à effet de serre (GES) par rapport aux trajectoires nécessaires pour limiter le réchauffement à 1,5°C ou 2°C. Le titre provocateur du rapport, « Plus d’air chaud, s’il vous plaît », résume bien la situation : nos actions climatiques sont bien insuffisantes.
Le défi de combler le fossé des émissions
L’EGR 2024 révèle un écart massif entre les promesses des pays et la réalité des émissions de GES. En 2023, ces émissions ont atteint 57,1 GtCO₂e, marquant une augmentation de 1,3 % par rapport à 2022. Bien que ce pourcentage semble modeste, il s’agit d’un taux supérieur à la moyenne annuelle des dix dernières années, partiellement imputable au rebond de l’aviation post-COVID. Pour rester sous les 1,5°C, les émissions devraient baisser annuellement – or, nous observons l’inverse, accentuant l’urgence d’actions réelles.
Le rôle disproportionné du G20 dans le réchauffement climatique
Le G20, en tant que groupe, représente 77 % des émissions mondiales, alors que les pays les moins développés n’en produisent que 3 %. Au sein du G20, les disparités demeurent criantes : les pays comme les États-Unis ou la Russie présentent des émissions par habitant trois fois supérieures à la moyenne mondiale (6,6 tCO₂e), soulignant la responsabilité particulière de ce groupe à agir de manière accélérée et ambitieuse.
Manque d’avancées concrètes dans les contributions nationales
Bien que 90 % des États parties à l’Accord de Paris aient actualisé leurs contributions déterminées au niveau national (CDN), les progrès se sont pour la plupart concentrés avant 2021. Peu de pays ont depuis renforcé leurs cibles, et en l’absence de politiques supplémentaires, les émissions mondiales pourraient atteindre 57 GtCO₂e en 2030, un niveau bien trop élevé pour espérer stabiliser le réchauffement.
Transformation sectorielle indispensable : des solutions à portée de main
Des solutions techniques sont encore accessibles pour respecter le seuil de 1,5°C, notamment l’extension du solaire et de l’éolien, capables d’offrir respectivement 27 % et 38 % des réductions nécessaires d’ici 2035. D’autres leviers comme la reforestation et l’optimisation de l’efficacité énergétique sont également identifiés, mais nécessiteraient une hausse sans précédent des investissements. Le graphique du rapport illustre la répartition des 57 milliards de tonnes de GES émises en 2023 selon les secteurs, et les défis restent colossaux malgré ces pistes.
Vers un avenir incertain ?
Si les politiques actuelles perdurent sans révision, le réchauffement pourrait atteindre 2,6°C d’ici 2100. L’optimisme quant aux capacités techniques d’atténuation ne suffira pas sans une coordination et des financements globaux renforcés. Cet échec collectif à respecter les seuils critiques risque de graver le réchauffement climatique au-delà de toute maîtrise humaine.
Une mobilisation générale indispensable
Le rapport appelle les États à transformer les intentions en actions lors de la COP29, à Bakou, insistant sur l’importance de réduire chaque fraction de degré pour préserver la stabilité climatique, sauver des vies et protéger les économies. Sans ce sursaut, les ambitions mondiales risquent de devenir lettre morte.