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La méthanisation agricole : vers un avenir énergétique durable
L’étude commandée par FranceAgriMer sur les ressources méthanisables en France nous offre une perspective claire et chiffrée sur l’avenir énergétique du pays. Face aux défis écologiques et à l’urgence de diversifier les sources d’énergie renouvelable, la méthanisation agricole s’impose comme une solution à fort potentiel. Grâce à la mobilisation de sous-produits agricoles jusqu’ici peu valorisés, tels que les cultures intermédiaires et les résidus de culture, la France dispose d’un gisement largement sous-exploité qui pourrait contribuer de manière significative à la transition énergétique.
Cultures intermédiaires : une ressource clé
Les cultures intermédiaires à vocation énergétique (CIVE), implantées entre deux cycles de cultures principales, représentent l’une des ressources les plus prometteuses pour la méthanisation. Ces cultures permettent de combiner deux avantages : la production d’énergie tout en améliorant la qualité des sols. Le rapport montre que ces CIVE pourraient générer jusqu’à 19,6 millions de tonnes de matière sèche (MtMS) par an, avec un potentiel méthanogène de 310 m3 de méthane par tonne de matière sèche, soit 67 TWh PCS de biométhane produit annuellement. Ce chiffre est d’autant plus impressionnant qu’il s’agit là d’une ressource qui ne nécessite pas de modification profonde des pratiques agricoles actuelles. Les CIVE d’hiver, particulièrement robustes, permettent une meilleure gestion des sols pendant la période hivernale, tout en évitant l’érosion et le lessivage des nitrates.
À la lumière de ces chiffres, il devient évident que la valorisation de ces ressources ne constitue pas un simple « plus » pour les agriculteurs, mais bien une opportunité majeure de contribuer à la décarbonation de l’économie tout en consolidant leur propre modèle économique. Avec des coûts de production oscillant entre 30 et 40 €/TMB (tonne de matière brute) pour les CIVE d’hiver, cette ressource est à la fois rentable et facilement intégrable dans les exploitations.
Les résidus de culture : une mobilisation stratégique
Le potentiel des résidus de culture, comme les cannes de maïs ou les fanes de betteraves, est également très prometteur. Actuellement, 3,3 millions de tonnes de cannes de maïs sont mobilisées chaque année, avec un potentiel méthanogène estimé à 11 TWh PCS. Ces résidus, qui étaient autrefois laissés au sol, peuvent désormais être intégrés dans les unités de méthanisation, renforçant ainsi le rendement énergétique des exploitations agricoles. Cependant, il est important de souligner que cette ressource, bien que rentable, demande une gestion rigoureuse pour éviter des pertes de matière ou une mauvaise conservation.
Le surplus fourrager : une opportunité à ne pas négliger
L’étude met également en avant le rôle des surplus fourragers dans le développement de la méthanisation. En raison de la baisse progressive des cheptels bovins, ces surplus, estimés entre 10 et 12 MtMS par an, pourraient être redirigés vers la production de biogaz. Cela concerne notamment le maïs ensilage et le foin, qui présentent des rendements élevés et une facilité de mobilisation accrue. Cette ressource, jusque-là perçue comme excédentaire ou même inutile, pourrait devenir un atout majeur dans le paysage énergétique français.
Méthanisation et gestion durable des territoires
L’une des grandes forces de la méthanisation agricole réside dans sa capacité à participer à une gestion plus durable des territoires. Non seulement elle valorise des ressources inexploitées, mais elle contribue également à la réduction des émissions de gaz à effet de serre en remplaçant les engrais chimiques par des digestats. Ce sous-produit de la méthanisation, riche en nutriments, permet de boucler la boucle de l’économie circulaire en restituant aux sols des matières organiques nécessaires à leur fertilité.
Le rapport souligne que les CIVE, tout comme les résidus de culture, peuvent être cultivés ou récoltés sans compromettre les rendements des cultures principales, tout en assurant un apport de carbone stable dans les sols. Les agriculteurs y trouvent un double bénéfice : l’amélioration de la santé de leurs terres et la création de revenus supplémentaires via la vente de biomasse aux unités de méthanisation.
Défis et perspectives
Si le potentiel est indéniable, des défis restent à relever. La logistique, le transport et le stockage de la biomasse, tout particulièrement pour les résidus de culture ou les fauches de bords de route, nécessitent des investissements en équipements adaptés et une coordination entre agriculteurs et méthaniseurs. Cependant, avec un prix d’achat attractif de 100 à 130 €/TMS pour la matière livrée sur site, la rentabilité économique de la méthanisation ne fait plus de doute.
En conclusion, la méthanisation agricole, loin d’être une utopie, est une réponse concrète et accessible aux défis énergétiques actuels. La France dispose déjà des ressources, des infrastructures et des savoir-faire nécessaires pour en faire un pilier de sa transition énergétique. Ne serait-il pas temps d’envisager ces champs, souvent perçus comme simples producteurs de denrées alimentaires, comme des moteurs de la révolution énergétique de demain ? Après tout, pourquoi laisser de telles opportunités inexploitées ?