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Analyse des Financements Climat des Collectivités Locales

source : Panorama des financements climat des collectivités locales – I4CE

 

Les défis liés au financement de la transition écologique sont plus que jamais au cœur des préoccupations des collectivités locales en France. Ces entités, souvent perçues comme de simples rouages du grand appareil administratif, se révèlent être des acteurs clés pour atteindre les ambitieux objectifs de neutralité carbone d’ici 2050, fixés par la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC). Mais la question fondamentale demeure : sont-elles réellement armées pour faire face à ces défis, tant en termes de volonté que de moyens financiers ?

 

Le rapport de l’I4CE (Institut de l’économie pour le climat), réalisé en partenariat avec La Banque Postale, dévoile un paysage complexe et contrasté des financements nécessaires pour cette transition. En 2022, les collectivités locales ont investi 8,3 milliards d’euros dans des projets climatiques, principalement dans les secteurs de l’énergie, du bâtiment et des transports. Un chiffre impressionnant, en augmentation de 44 % depuis 2017, mais qui reste bien en deçà des besoins réels.

 

Le véritable défi est ici : pour respecter la trajectoire de neutralité carbone, les collectivités doivent doubler, voire tripler leurs investissements d’ici 2030. On parle d’un besoin annuel de 19 milliards d’euros, avec une mobilisation massive dans les infrastructures de report modal, telles que les transports en commun, ferroviaires, fluviaux, ainsi que dans la rénovation énergétique des bâtiments publics. Ces secteurs, souvent délaissés, sont désormais les piliers de la transition écologique.

 

Le mur des financements : un enjeu à surmonter

La réalité budgétaire des collectivités est telle que cette course vers la décarbonation semble semée d’embûches. Le rapport met en lumière des scénarios contrastés où l’emprunt et la redirection des investissements vers des projets verts sont des leviers essentiels, mais ils soulèvent également des questions profondes. Comment, par exemple, un élu local peut-il justifier la réduction de certaines dépenses publiques pour investir massivement dans des infrastructures cyclables ou dans la modernisation des réseaux de chaleur ? Ces arbitrages politiques et budgétaires, bien que nécessaires, risquent de s’opposer frontalement aux attentes de la population.

 

Le recours à l’emprunt est également une piste centrale. Avec des besoins estimés à des centaines de milliards d’euros à l’horizon 2030, les collectivités devront s’endetter pour financer ces investissements. Mais là encore, l’enjeu est de taille. Comment concilier dette locale croissante avec l’impératif de maintien d’une gestion financière saine ?

 

L’État et les collectivités : un dialogue complexe et nécessaire

Dans ce paysage, le rôle de l’État est central. S’il encourage la transition par la création de fonds dédiés, comme le Fonds Vert, ou par des subventions ponctuelles, l’incertitude budgétaire plane encore sur les prochaines années. Ce soutien de l’État est jugé instable et insuffisant pour réellement accompagner les collectivités dans leur mission. Il est donc impératif de clarifier ce dialogue entre l’État et les acteurs locaux, pour poser un cadre clair et crédible sur le long terme.

 

Disparités territoriales : une réalité souvent ignorée

Le rapport souligne aussi de fortes disparités entre territoires. Certaines collectivités, notamment les grandes agglomérations, sont mieux armées pour mobiliser des fonds, alors que les petites communes, souvent moins riches, peinent à répondre aux exigences climatiques. La question de l’équité territoriale devient ainsi cruciale : comment garantir que tous les territoires puissent participer à l’effort de décarbonation sans aggraver les inégalités sociales et économiques ?

 

Vers une transition énergétique plus humaine ?

Ce rapport est un appel à l’action, mais aussi à la réflexion. Derrière ces milliards d’euros se cachent des décisions politiques difficiles, qui touchent directement les citoyens. Chaque investissement dans un réseau de chaleur, chaque réfection d’un bâtiment public, a un impact sur notre quotidien. Mais cela va bien au-delà : il s’agit de notre avenir collectif, de notre survie face à une planète qui se réchauffe. Il est donc indispensable que ces financements soient non seulement soutenus mais aussi compris et acceptés par les populations locales.

 

Le chemin est long, semé d’embûches, mais la destination en vaut la peine. À ce titre, des investissements dans les énergies renouvelables comme le biogaz, l’électricité photovoltaïque, et la chaleur renouvelable, bien que peu évoqués ici, représentent des leviers incontournables. Mais avant tout, il s’agit d’un engagement de chaque territoire, un engagement qui va bien au-delà des chiffres.